Le terroir et les hommes

Au même titre que la qualité optimale d’un raisin provient d’un subtil équilibre entre sucre et acidité, le vin de Chinon tient sa magie d’une combinaison savante : la bienveillante sagacité des vignerons, le climat le plus chaud et sec de la touraine, la beauté des paysages, le socle de tuffeau et ses vallées de la Vienne et de la Loire.

En cela, Chinon conserve ses spécificités et une culture qui lui est propre. Elles s’unissent naturellement aux données objectives qui caractérisent le vin.

Chinon a le climat le plus chaud

et sec de Touraine

La forêt : l’ange gardien du vignoble

La Vienne et la Loire se rejoignent à Candes-Saint-Martin et forment la pointe d’un triangle isocèle dont la base est fermée par la forêt. La forêt dans toutes ses composantes est un des éléments majeurs du territoire, elle structure le Pays, souligne ses vallées. Elle est imposante et domine le haut du plateau au nord-est. Elle s’étend sur 5 140 hectares et présente une grande continuité des espaces forestiers : un rempart formidable aux vents du nord et au froid, qui protège les vignes de Chinon qu’elles soient en plaines, en terrasses ou sur les coteaux. À l’ouest, la forêt de Fontevraud tempère la masse d’air.

Au commencement, le tuffeau

Formé il y a 90 million d’années, le Chinonais repose sur un socle calcaire d’une centaine de mètres d’épaisseur. Un plateau calcaire du crétacé supérieur entaillé par deux vallées : l’une au Sud formée par la Vienne, l’autre au Nord-Ouest plus large, érodée par la Loire. Les deux axes hydrologiques fragmentent le paysage et induisent le relief par des coteaux bien marqués. Le tuffeau est ici plus chaleureux et moins austère, moins blanc, que chez les voisins du saumurois. Un tuffeau légèrement « terre de Sienne » voire jaune quand il s’agit de millarges dont les coquillages témoignent encore de la présence de la « mer des faluns », dans ce qui s’apparentait à un véritable « Golfe de la Loire ».

Sur ce plateau principalement argilo-calcaire, on retrouve localement des formations argilo-sableuses, contenant des conglomérats siliceux (argiles à silex, perrons) déposés ensuite au sénonien et à l’époque éocène. L’extraction du tuffeau dans les coteaux, pour bâtir châteaux et maisons, a laissé des caves et sous terrains dont certains s’étendent sur plusieurs kilomètres.

Les Caves Painctes situées sous le château de Chinon sont en cela, un exemple tout à fait exceptionnel. Ces caves réunissent l’ensemble des conditions idéales pour la conservation du vin : une température constante, une hygrométrie parfaite, une pénombre qui favorisent le vieillissement du Chinon.

Ravinées par les rivières, les couches crayeuses profondes du tuffeau ont été recouvertes d’alluvions dans les vallées dessinant au fil des âges des terrasses sablo-graveleuses à grand potentiel viticole, permettant aux hommes et aux cultures de s’installer dans la vallée, au-dessus du niveau des crues et des caprices des cours d’eau.

La singularité des Puys

Situés dans la zone de confluence, les Puys sont des buttes calcaires dominant le paysage alentour d’une trentaine de mètres et dont la plus élevée culmine à 88 mètres. Localisés au nord de la ville de Chinon, ils s’étagent sur environ 70 hectares et se trouvent dans la partie est du Véron. Il existe 8 puys principaux : 6 sur Chinon, 2 sur Beaumont-en-Véron

Lorsque le visiteur arrive sur les Puys du Chinonais, il est frappé par l’atmosphère générale et par une impression de chaleur plus forte qu’ailleurs. Tout en marchant sur un sol sec et sablonneux tantôt or, tantôt ocre, il découvre des espèces végétales peu communes pour l’endroit : genévrier, amandier, pin maritime, serpolet, et cela au travers d’une sensation d’élévation dans un paysage qui semble pourtant plat. Un « îlot méditerranéen » avec un climat particulier que les viticulteurs ont su mettre à profit. Les puys donnent des vins structurés et de longue garde. Le maintien de la culture de la vigne sur les Puys joue un rôle essentiel dans la préservation du paysage : un milieu exceptionnel mais sensible, qu’il faut préserver des constructions.

Le climat le plus chaud de la Touraine

Située à l’extrémité occidentale de la Touraine, la zone géographique de Chinon bénéficie d’un climat de type océanique à semi-continental, plus chaud et plus sec que le reste de la région. Ces caractéristiques particulières sont liées à l’influence bénéfique des courants d’air générés par les deux cours d’eau effectuant un drainage naturel des masses d’air froid.

Si le climat reste majoritairement doux, on dit que Chinon se situe à la « rose des vents » : alternance des vents dominants d’Est et Ouest. Certains millésimes sont marqués par une dominante de vents d’est, frais et secs. D’autres subissent l’influence des vents du sud-ouest chauds et humides.

A Chinon, les étés sont assez chauds et les hivers sont doux. L’ambitus moyen entre les températures se situe entre 35° et -4° C. Plus de 2 100 heures d’ensoleillement sont comptabilisées en moyenne chaque année et la pluviométrie est largement inférieure à la moyenne nationale positionnant Chinon à la 25 000èmeplace des villes les plus pluvieuses ! Pour une fois qu’on apprécie être en bas du classement…

Les vignerons

La communauté des vignerons de Chinon est multiple. Voici quelques éléments chiffrés :

  • Ils sont 173, en 2015, accompagnés par un groupement de producteurs et par 60 négociants, dont la moitié est chinonaise.
  • Une douzaine d’entre eux sont de nouveaux vignerons c’est-à-dire qu’ils ne sont pas issus de familles de vignerons et qu’ils ont constitué eux-mêmes leurs vignobles ou repris des entreprises.
  • ¼ d’entre eux ont fait le choix de certifier leur domaine :
    • 21 % en bio
    • 1 % en HVE (Haute Valeur Environnementale)
    • 2 % en Biodynamie
    • 1 % en raisonné
  • Ils emploient plus de 350 équivalents temps pleins sur leurs exploitations. La viticulture représente près de 800 emplois dans le bassin du chinonais.
  • Chaque année c’est environ 100 000hl qui sont produits sur l’appellation soit un peu plus de 13 millions de bouteilles par an.1 bouteille sur 4 est vendue à Chinon. 10 % sont vendu à l’export et pour moitié aux Etats-Unis.

 

Chinon et ses lieux-dits : une valorisation collective au cœur de l’appellation

Depuis 2014, le Syndicat des vins de Chinon s’est donné pour mission de mettre en lumière les lieux-dits emblématiques, véritables reflets de la diversité, de l’identité et de l’originalité de son terroir. Chaque année, ce travail donne lieu à l’édition de monographies sur un ou plusieurs de ces lieux-dits.

a) Qu’est-ce qu’un lieu-dit ?
Un lieu-dit désigne, sur le cadastre, un endroit de faible étendue portant un nom spécifique, souvent utilisé pour identifier un champ, un bois ou des parcelles. Dans l’AOP Chinon, ces noms sont indiqués sur les étiquettes des bouteilles affirmant l’origine parcellaire des vins.
Une enquête menée en 2024 a révélé que 45 % des vignerons utilisent un nom de lieu-dit sur au moins une de leur cuvée, valorisant ainsi l’originalité de leurs vins.

b) Une démarche collective et fédératrice
Inspiré des modèles bourguignon ou alsacien, un projet de valorisation des lieux-dits a émergé, sans pour autant imposer de classification officielle ou de hiérarchisation. Les vignerons ont privilégié une démarche collective, incitant à promouvoir ensemble certains lieux-dits originaux, plutôt qu’une sélection fondée sur des critères techniques.
La notion de « lieu-dit » n’est pas marginale dans l’Appellation Chinon et elle est valorisée dans la gamme des vins que proposent de nombreux vignerons. Lorsqu’ils utilisent des noms de « lieux-dits », ils revendiquent ainsi une véritable originalité de leur cuvée.
Un groupe de travail dédié a été créé pour instruire les dossiers déposés librement par les vignerons souhaitant valoriser un lieu-dit. Les critères d’évaluation combinent des exigences de base (existence cadastrale, revendication sur l’étiquette, accord entre opérateurs) et des atouts particuliers (paysage, histoire, anecdotes, sol, notoriété, démarche collective, …).

c) Des outils concrets pour promouvoir les lieux-dits
Le Syndicat des vins de Chinon accompagne cette valorisation grâce à plusieurs outils :

  • Édition d’un livret de 20 pages, véritable monographie pour chaque lieu-dit.
  • Mise en place de bornes en pierre implantées sur le lieu-dit pour signaler ce patrimoine.
  • Indication des lieux-dits sur la carte collective de l’appellation

Cette initiative offre aux vignerons des outils concrets pour promouvoir l’originalité et la diversité de leurs cuvées, au bénéfice aussi de l’image et de l’attractivité de l’ensemble de l’AOP.

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